De ces bleus Outre-Manche. Hiver. les yeux vides d'un ailleurs frippé. Au creux des jours ordinaires où la mémoire s'effrite, râpeuse et âcre, et des heures qui s'émiettent, doucement, il attache ses ailes. C'était hier. J'ai mil fois pensé aux jours d'été sous les trains pluvieux, pas envie de fermer les yeux, pourtant il faudrait bien. Se satisfaire de ce qui a été, la page est tournée. Des rondes autour d'un sapin et des cris d'enfants, immuables, ancrés au coeur comme un chewing-gum à son soulier. Doucement, il attache ses ailes. J'aimerai que tu me dises, c'est maintenant et jamais, jamais. Et des matins joyeux trempés dans le hasard, j'en veux des milliards, à m'en faire dégueuler l'âme. Je n'ai plus d'autre mémoire que celle qui m'échappe, qui se morcelle dans les veines. Les souvenirs se vident, état de conscience éphémère. Et toutes ces variations du silence. Doucement, il attache ses ailes. Il m'arrivait souvent de danser ce bal étrange, ivresse des songes, des pas et des corps qui s'emmêlent. Derrière les vitres dépolies, des fantômes au long regard s'effilent dans un éclair, et la pluie qui bat mes paupières. Les soupirs s'indiffèrent dans la transparence des heures et l'élan donné à la course folle des rires qui s'égrainent et dont l'écho n'en finit pas de vomir. Tends les bras à ciel ouvert, accroches toi à ma taille, je t'emmène filer les étoiles. Donne-moi des souvenirs plein le visage, savoir combien tu m'aimes, mes tristesses s'égarent. Savoir combien tu m'aimes, combien tu m'aimes, tu m'aimes, aimes. Comme l'écho qui n'en finit pas de chanter, ne pas oublier. Et ma mémoire s'attache à tes ailes.


















